Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/28

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pourvoir à leur ſubſiſtance. Comme perſonne ne vouloit ſe charger de ces orphelins, la nation les faiſoit périr pour les empêcher de mourir de faim. La charité de ces barbares ne s’étendoit pas plus loin. C’eſt la plus grande atrocité où la déplorable conſtitution de la vie ſauvage ait jamais pu pouſſer les hommes.

Malgré ces mœurs féroces, Balboa, ſoutenu par l’opiniâtreté de ſon caractère, pouſſé par l’inſatiable cupidité de ſes ſoldats, aidé par les meutes de ces dogues impitoyables qui avoient ſi bien ſervi les Eſpagnols dans toutes leurs conquêtes, Balboa parvint enfin à égorger les habitans du Darien, à les diſperfer ou à les ſoumettre.

III. On donne aux Eſpagnols la première notion du Pérou.

Un jour que les conquérans ſe diſputoient de l’or avec cet acharnement qui annonce des violences, un jeune Cacique renverſa la balance où on le peſoit. « Pourquoi, leur dit-il, du ton du dédain, pourquoi vous brouiller pour ſi peu de choſe. Si c’eſt pour cet inutile métal que vous avez quitté votre patrie, que vous égorgez tant de peuples, je vous conduirai dans une région où il eſt ſi commun qu’on l’y emploie aux plus vils uſages ». Preſſé de s’expliquer plus claire-