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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/323

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avoient des ſecours inconnus ſur le reſte de la terre : où tout le monde ſe marioit par choix, ſans intérêt, & où la multitude des enfans étoit une conſolation, ſans pouvoir être une charge : où la débauche inséparable de l’oiſiveté qui corrompt l’opulence & la misère ne hâtoit jamais le terme de la vie humaine : où rien n’irritoit les paſſions factices & ne contrarioit les paſſions réglées par la raiſon & par la nature : où l’on jouiſſoit des avantages du commerce, ſans être exposé à la contagion des vices du luxe : où des magaſins abondans, des ſecours gratuits entre des nations confédérées par la fraternité d’une même religion, étoient une reſſource aſſurée contre la diſette qu’amenoient l’inconſtance & l’intempérie des ſaiſons : où la vengeance publique ne fut jamais dans la triſte néceſſité de condamner un ſeul criminel à la mort, à l’ignominie, à des peines de quelque durée : où l’on ignoroit juſqu’au nom d’impôt & de procès, deux terribles fléaux qui travaillent par-tout l’eſpèce humaine. Un tel pays devoit être, ce ſemble, le plus peuplé de la terre. Cependant il ne l’étoit pas.