Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/327

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cinquante miſſionnaires euſſent pu forcer à l’eſclavage cent mille Indiens, qui pouvoient, ou maſſacrer leurs paſteurs ou s’enfuir dans des déſerts. Cet étrange paradoxe révolteroit également les eſprits foibles & les eſprits audacieux.

Quelques perſonnes ſoupçonnèrent que les Jéſuites avoient répandu dans leurs peuplades cet amour du célibat, auquel les ſiècles de barbarie attachèrent parmi nous une ſorte de vénération qui n’eſt pas encore généralement tombée, malgré les réclamations continuelles de la nature, de la raiſon, de la ſociété. Rien n’étoit plus éloigné de la vérité. Ces miſſionnaires ne donnèrent pas ſeulement à leurs néophites l’idée d’une ſuperſtition à laquelle le climat apportoit des obſtacles inſurmontables, & qui auroit ſuffi pour décrier & faire déteſter leurs meilleures inſtitutions.

Nos politiques crurent voir dans le défaut de propriété un obſtacle inſurmontable à la population des Guaranis. On ne ſauroit douter que la maxime, qui nous fait regarder la propriété comme la ſource de la multiplication des hommes & des ſubſiſtances, ne ſoit une vérité inconteſtable. Mais tel eſt le ſort