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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/329

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à leurs néophites de laiſſer périr leurs enfans qui ſeroient autant de prédeſtinés & de protecteurs. Homme ou démon, qui que tu ſois, as-tu réfléchi ſur l’atrocité, ſur l’extravagance de ton accuſation ? As-tu compris l’inſulte que tu faiſois à tes maîtres, à tes concitoyens, en comptant obtenir leur faveur ou leur eſtime par ces noirceurs ? Combien il faudroit que la nation fût déchue de la nobleſſe, de la généroſité de ſon caractère, ſi elle ne partageoit ici mon indignation !

Aux chimères qui viennent d’être combattues, tâchons de ſubſtituer des cauſes vraies ou vraiſemblables.

D’abord, les Portugais de Saint-Paul détruiſirent en 1631 les douze ou treize peuplades, formées dans la province de Guayra, limitrophe du Bréſil. Ces brigands qui n’étoient qu’au nombre de deux cens ſoixante-quinze ne purent, il eſt vrai, amener que neuf cens des vingt-deux mille Guaranis qui compoſoient cet établiſſement naiſſant : mais le glaive & la misère en détruiſirent beaucoup. Pluſieurs reprirent la vie ſauvage. À peine en arriva-t-il douze mille ſur les bords du Parana & de l’Uruguay où l’on avoit réſolu de les fixer.