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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/338

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qui prétendit enſuite l’emporter ſur lui, & qui depuis ſe ſentant le plus foible, ſe contenta de s’en séparer & de dominer en ſecret ſur ceux qui en vouloient bien dépendre. Ces deux pouvoirs furent toujours tellement diſcordans, qu’ils troublèrent ſans ceſſe l’harmonie de tous les états.

Les Jéſuites du Paraguay, qui connoiſſoient cette ſource de diviſion, profitèrent du mal que leur ſociété avait fait ſouvent en Europe, pour établir un bien ſolide en Amérique. Ils réunirent les deux pouvoirs en un ſeul, ce qui leur donna la diſpoſition abſolue des pensées, des affections, des forces de leurs néophites.

XVII. Les peuples étoient-ils heureux dans ces miſſions, & ont-ils regretté leurs légiſlateurs ?

Un pareil ſyſtême rendoit-il redoutables ces légiſlateurs ? Quelques perſonnes le penſoient dans le Nouveau-Monde ; & cette croyance étoit beaucoup plus répandue dans l’ancien : mais par-tout on manquoit des lumières néceſſaires pour aſſeoir un jugement. La facilité, peut-être inattendue, avec laquelle les miſſionnaires ont évacué ce qu’on appelloit leur empire, a paru démontrer qu’ils étoient hors d’état de s’y ſoutenir. Ils y ont été même moins regrettés qu’on ne croyoit