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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/368

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barbare par un créancier, à la fois juge & partie ; & les peines les plus graves décernées contre les débiteurs qui manquoient aux engagemens libres ou forcés qu’ils avoient pris.

Ces atrocités, plus criantes & plus communes dans l’Amérique Méridionale que dans la Septentrionale, affligeoient vivement les chefs humains & juſtes. Ils croyoient pourtant devoir les tolérer, dans la perſuaſion où l’on étoit généralement que ſi la chaîne qui exiſtoit étoit une fois rompue, des peuples indolens & ſans prévoyance manqueroient de vêtemens, d’inſtrumens d’agriculture, de beſtiaux néceſſaires pour tous les travaux, & tomberoient, ſans délai, dans une inaction & une misère extrêmes. Quelques hommes ſages travaillèrent à rapprocher des intérêts ſi opposés. Aucune de leurs idées ne fut jugée praticable. Un moyen sûr de diminuer le déſordre auroit été d’accorder un meilleur traitement aux magiſtrats qui alloient chercher dans l’autre hémiſphère une fortune que leur pays natal leur refuſoit : mais le miniſtère ſe refuſa toujours à cette augmentation de dépenſe. Depuis 1751, les