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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/402

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ils uſurpèrent l’autorité ſouveraine, & parvinrent à décliner les tribunaux du prince, à ſe choiſir des juges particuliers, & à les payer.

Les propriétaires des terres, écrasés par cette tyrannie, ou renoncèrent à leurs poſſeſſions, ou en abandonnèrent la culture.

Bientôt cette fertile péninſule, qui, malgré les fréquentes séchereſſes qu’elle éprouve, nourriſſoit treize à quatorze millions d’habitans avant la découverte du Nouveau-Monde, & qui avoit été plus anciennement le grenier de Rome & de l’Italie, ſe vit couverte de ronces. On contracta la funeſte habitude de fixer le prix des grains ; on imagina de former dans chaque communauté des greniers publics, qui étoient néceſſairement dirigés ſans intelligence, ſans zèle, ſans probité. D’ailleurs, que peut-on attendre de ces perfides reſſources ? Qui jamais imagina de s’oppoſer au bon prix des bleds, pour les multiplier ; de groſſir les frais des ſubſiſtances, pour les rendre moins chères ; de faciliter le monopole, pour l’écarter ?

Quand la décadence d’un état a commencé, il eſt rare qu’elle s’arrête. La perte de la population,