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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/426

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à leurs productions, augmente réciproquement la leur. C’eſt ſous ce point de vue, intéreſſant à la fois pour l’humanité & pour la politique, que les nations éclairées de l’ancien hémiſphère ont enviſagés leurs établiſſemens du nouveau. Le ſuccès a par-tout couronné un ſi noble & ſi ſage deſſein. Il n’y a que l’Eſpagne, qui avoit formé ſon ſyſtême avant que la lumière fût répandue, qui ait vu ſa population diminuer en Europe, à meſure que ſes poſſeſſions augmentoient en Amérique.

Lorſque la diſproportion entre un territoire & ſes habitans n’eſt pas extrême, l’activité, l’économie, une grande faveur accordée aux mariages, une longue paix peuvent, avec le tems, rétablir l’équilibre. L’Eſpagne, qui par le récenſement très— exact de 1768 n’a que neuf millions trois cens ſept mille huit cens quatre habitans de tout âge & de tout ſexe, & qui ne compte pas dans ſes colonies la dixième partie des bras qu’exigeroient leur exploitation, ne peut ni le peupler, ni les peupler ſans des efforts extraordinaires & nouveaux. Il faut, pour augmenter les claſſes laborieuſes du peuple, qu’elle diminue ſon