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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/43

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qu’il fut impoſſible d’en différer plus longtems la diſtribution. On délivra aux agens du fiſc le quint que le gouvernement s’étoit réſervé. Cent mille piaſtres ou 540 000 liv. furent miſes à part pour le corps de troupes qu’Almagro venoit de mener & qui étoit encore ſur les côtes. Chaque cavalier de Pizarre reçut 43 200 liv. chaque fantaſſin 21 600 liv. & le général, les officiers eurent une ſomme proportionnée à leurs grades dans la milice.

Ces fortunes, les plus extraordinaires dont l’hiſtoire ait conſervé le ſouvenir, n’adoucirent pas la barbarie de ces Eſpagnols.

Atabaliba avoit donné ſon or, on s’étoit ſervi de ſon nom pour ſubjuguer l’eſprit des peuples : il étoit tems qu’il finit ſon rôle. Vincent diſoit que c’étoit un prince endurci qu’il falloit traiter comme Pharaon. L’interprète Philipillo, qui avoit un commerce criminel avec une de ſes femmes, auroit pu être troublé dans ſes plaiſirs. Almagro craignoit que tant qu’on le laiſſeroit vivre, l’armée de ſon aſſocié ne voulut s’approprier tout le butin comme partie de ſa rançon. Pizarre avoit été méprisé par lui, parce que, moins inſtruit