Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/435

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l’approviſionnement de l’Amérique, s’occuperont du ſoin de conſerver leurs manufactures, celles qu’on voudra créer ailleurs en ſoutiendront difficilement la concurrence. Elles pourront peut-être obtenir à auſſi bon marché les matières premières & la main-d’œuvre : mais il faudra des ſiècles pour les élever à la même célérité dans le travail, à la même perfection dans l’ouvrage. Une révolution qui tranſporteroit en Eſpagne les meilleurs ouvriers, les plus habiles arrières étrangers, pourroit ſeule procurer ce grand changement. Juſques à cette époque, qui ne paroît pas prochaine, les tentatives qu’on haſardera auront une iſſue funeſte.

Nous irons plus loin, & nous ne craindrons pas d’avancer, que quand l’Eſpagne pourroit ſe procurer la ſupériorité dans les manufactures de luxe, elle ne devroit pas le vouloir. Un ſuccès momentané ſeroit ſuivi d’une ruine entière. Qu’on ſuppoſe que cette monarchie tire de ſon ſein toutes les marchandiſes néceſſaires pour l’approviſionnement de ſes colonies, les tréſors immenſes, qui ſeront le produit de ce commerce, concentrés dans ſa circulation intérieure, y aviliront bientôt