Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/444

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formellement de renvoyer en Europe ceux qui y auroient pénétré de quelque manière que ce pût être. Preſſé par ſes beſoins, Philippe II autoriſa, en 1596, ſes délégués à naturaliſer le peu qui s’y étoient gliſſés, pourvu qu’ils payâſſent cette adoption au prix qu’on leur fixeroit. Cette eſpèce de marché a été renouvelé à pluſieurs repriſes, mais plutôt pour des artiſtes néceſſairement utiles au pays, que pour des marchands qu’on ſuppoſoit devoir un jour ſe retirer avec les richeſſes qu’ils auroient acquiſes. Cependant le nombre des uns & des autres a toujours été exceſſivement borné, parce qu’il eſt défendu d’en embarquer aucun dans la métropole, & que les colonies elles-mêmes, ſoit défiance, ſoit jalouſie, les repouſſent. Le progrès des lumières autoriſe à penſer que cette inſociabilité aura un terme. Le gouvernement comprendra enfin ce que c’eſt qu’un homme de vingt-cinq & trente ans, ſain, vigoureux ; quel dommage il cauſe au pays dont il s’expatrie, & quel préſent il fait à la nation étrangère chez laquelle il porte ſes bras & ſon induſtrie ; l’étrange ſtupidité qu’il y auroit à faire payer le droit de l’hoſpitalité