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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/85

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VIII. Un vieux prêtre fait enfin finir l’effuſion du ſang Eſpagnol.

Il arriva d’Europe. Ce fut Pedro de la Gaſca, prêtre avancé en âge, mais prudent, déſintéreſſé, ferme, & ſur-tout très-délié. Il n’amenoit point de troupes, mais on lui avoit confié des pouvoirs illimités. Le premier uſage qu’il ſe permit d’en faire, ce fut de publier un pardon univerſel, ſans diſtinction de perſonnes ou de crimes, & de révoquer les loix ſévères qui avoient rendu l’adminiſtration précédente odieuſe. Cette démarche ſeule lui donna la flotte & les provinces des montagnes. Si Pizarre, à qui l’amniſtie avoit été offerte en particulier avec tous les témoignages d’une diſtinction marquée, eût conſenti à l’accepter, comme les plus éclairés de ſes partiſans le lui conſeilloient, les troubles ſe trouvoient finis. L’habitude du commandement ne lui permit pas de deſcendre à une condition privée ; & il eut recours aux armes dans l’eſpérance de perpétuer ſon rôle. Sans perdre un moment, il prit la route de Cuſco où la Gaſca raſſembloit ſes forces. Le 9 d’avril 1548, le combat s’engagea à quatre lieues de cette place, dans les plaines de Saeſahuana. Un des lieutenans du général rebelle le voyant abandonné, dès la première