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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/183

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pays du monde. L’eſprit de vengeance fournit à d’autres des reſſources plus deſtructives encore. Inſtruits dès l’enfance dans l’art des poiſons, qui naiſſent pour ainſi dire ſous leurs mains, ils les emploient à faire périr les bœufs, les chevaux, les mulets, les compagnons de leur eſclavage, tous les êtres qui ſervent à l’exploitation des terres de leur oppreſſeur. Pour écarter loin d’eux tous les ſoupçons, ils eſſaient leurs cruautés ſur leurs femmes, leurs enfans, leurs maîtreſſes, ſur tout ce qu’ils ont de plus cher. Ils goûtent dans ce projet affreux de déſeſpoir, le double plaiſir de délivrer leur eſpèce d’un joug plus horrible que la mort, & de laiſſer leur tyran dans un état de misère qui le rapproche de leur état. La crainte des ſupplices ne les arrête point. Il entre rarement dans leur caractère de prévoir l’avenir ; & d’ailleurs, ils ſont bien aſſurés de tenir le ſecret de leur crime à l’épreuve des tortures. Par une de ces contrariétés inexplicables du cœur humain, mais communes à tous les peuples éclairés ou ſauvages, on voit les nègres allier, à leur poltronnerie naturelle, une fermeté inébranlable. La même orga-