Aller au contenu

Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/335

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dans les colonies Françoiſes ; & d’autant plus grand, que les chefs ne faiſoient qu’y paroître, pour ainſi dire, & en étoient rappelés avant d’avoir rien vu par eux-mêmes. Après avoir marchés trois ans ſans guide, dans un pays nouveau, ſur des plans informes de police & de loix, ces adminiſtrateurs étoient remplacés par d’autres, qui, dans un terme auſſi court, n’avoient pas le tems de former des liens avec les peuples qu’ils devoient conduire, ni de mûrir aſſez leurs projets, pour leur donner ce caractère de juſtice & de douceur, qui en aſſure l’exécution. Ce défaut de règle & d’expérience, intimidoit ſi fort un de ces magiſtrats abſolus, que, par délicateſſe, il n’oſoit prononcer ſur les choſes les plus communes. Ce n’eſt pas qu’il ne ſentit les inconvéniens de ſon indéciſion : mais tout éclairé qu’il étoit, il ne ſe croyoit pas les lumières d’un légiſlateur, & il ne vouloit pas en uſurper l’autorité.

Cependant il étoit aifé de tarir la ſource de ces déſordres, en mettant à la place du gouvernement militaire, violent en lui-même, & fait pour des tems de criſe & de péril, une légiſlation modérée, fixe & indépendante des