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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/473

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Le même eſprit de barbarie dicta les meſures qu’on prit pour prévenir de nouveaux ſoulèvemens. Un eſclave eſt fuſtigé dans les places publiques, s’il joue à quelque jeu que ce ſoit, s’il oſe aller à la chaſſe, ou s’il vend autre choſe que du lait ou du poiſſon. Il ne peut ſortir de l’habitation où il ſert, ſans être accompagné d’un blanc, ou ſans une permiſſion par écrit. S’il bat du tambour, ou s’il fait uſage de quelque inſtrument bruyant, ſon maître ſera condamné à une amende de 225 liv. C’eſt ainſi que les Anglois, ce peuple ſi jaloux de ſa liberté, ſe joue de celle des autres hommes. C’eſt à cet excès de barbarie que le commerce & l’eſclavage des nègres ont dû conduire des uſurpateurs. Tels ſont les progrès de l’injuſtice & de la violence. Pour conquérir le Nouveau-Monde, il a fallu ſans doute en égorger les habitans. Pour les remplacer, il falloit acheter des nègres, ſeuls propres au climat, aux travaux de l’Amérique. Pour tranſplanter ces Africains qu’on deſtinoit à cultiver la terre ſans y rien poſſéder, il a fallu les prendre par force & les rendre eſclaves. Pour les tenir dans l’eſclavage, il faut les traiter durement.