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Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/26

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haſard a jette ſous ſa main. C’eſt le lapidaire qui met le prix au diamant que le laboureur a déterré ſans le connoître.

Les Eſpagnols avoient méprisé la Floride, parce qu’ils n’y avoient trouvé ni la fontaine qui devoit les rajeunir, ni l’or qui hâte notre vieilleſſe. Les François y découvrirent un tréſor plus réel & plus précieux : c’étoit un ciel ſerein, une terre abondante, un climat tempéré, des ſauvages amis de la paix & de l’hoſpitalité ; mais ils ne connurent pas eux-mêmes la valeur de ce tréſor. Si l’on eût ſuivi les ordres de Coligny ; ſi l’on eût cultivé les terres qui ne demandoient que la main de l’homme pour l’enrichir ; ſi la ſubordination avoit été maintenue entre les Européens ; ſi les droits des naturels du pays n’avoient pas été violés, on auroit pu fonder une colonie, dont le tems auroit augmenté l’éclat & aſſuré la proſpérité. Mais la légèreté Françoiſe ne permettoit pas tant de ſageſſe. On prodigua les vivres. Les champs ne furent point enſemencés. L’autorité des chefs fut méconnue par des ſubalternes indociles. La fureur de la chaſſe & de la guerre échauffa tous les es-