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Page:Raynal - L’Homœopathie, épître à Mme, 1854.djvu/12

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Des nids les plus moelleux, des plus vertes charmilles,
S’élançait le vautour qui tuait les familles ;
Achevant le travail qu’il venait ébaucher
L’insatiable Mort se lassait de faucher ;
Un air contagieux, rempli de clameurs vaines,
Du réseau des poumons s’infiltrait dans les veines ;
À l’humble toit du pauvre, aux somptueux manoirs,
En pluie avec des pleurs, tombaient des crêpes noirs ;
Point de maison sans deuil, de paupières sans larmes ;
Le soldat invaincu, tout couvert de ses armes,
Convié vainement aux fêtes du canon,
Mourait désespéré, sans gloire pour son nom !

Qu’ont fait alors les chefs de la saine doctrine ?
Ont-ils su prévenir le mal dans la poitrine ?
Et quand il sévissait de toute sa fureur
Ne les a-t-on pas vus stupéfiés d’horreur ?
C’était-là le moment, pour la caste savante,
D’étaler les trésors que sa morgue nous vante !
Mais non ; rien à citer, pas un pauvre succès :
Appel, visites, soins, agonie et décès ;
En six mots, en un vers, on résume l’histoire
Des résultats permis au docte consistoire !

Et durant ce temps-là, nous, humbles dissidents,
Constatant nos pouvoirs par des traits évidents,
Empressés de guérir même les incrédules,
Nous voyions le fléau fuir devant nos globules !
N’importe où nos amis avaient pu pénétrer
La Mort les regardait et n’osait pas entrer !
Veillant sur les cités qu’on peuplait d’hécatombes,
Nous sauvions les mourants dont se creusaient les tombes ;
Les soldats préservés enterraient moins de morts,
Et, sûrs d’être bénis, nous étions sans remords !