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Nul n’a mieux connu l’homme ; et ce guide fidèle,
Des plus sûrs diagnostics offre encor le modèle.
Mais, là, se borne enfin son magique pouvoir :
Au-delà de notre œil nous ne pouvons plus voir !



III.

En dépit des savants aux pédantes manières,
Les sentiers trop battus s’effondrent en ornières.
Il fallait un cœur fort et des membres d’airain
Pour se faire une voie hors du banal terrain.
Hahnemann le sentait ; Sa nature géante
Osa tirer le char de la route béante,
Et dégageant l’essieu par la fange épaissi :
« Nous voilà de niveau, dit-il, marchons ici ! »
Et la science alors apparut sans mystère.

Ainsi donc, en pitié des malheurs de la terre,
Et peut-être à dessein d’en terminer le cours,
Dieu, par l’homme, aux besoins mesurait le secours !
Comment douter des biens que le ciel nous destine ?
Déjà, de toutes parts, rampe et meurt la routine :
Des moyens qu’autrefois l’homme n’eût point rêvés
À chacun de nos pas sont conçus ou trouvés.
D’un bout de l’univers, la moindre capitale
Lançant à l’autre bout sa foudre horizontale,
Le temps d’écrire un mot et de frapper un coup,
Nous savons à Paris ce qu’on pense à Moscou ;
La vapeur, déployant ses forces titanesques,
Nous fait des vérités à semblants romanesques ;
La distance est un jeu : nous fuyons sur le sol,
Plus vite que l’oiseau dans l’air ne passe au vol :
Et quand autour de nous tout marche en concurrence,
Nous moisirions, ancrés dans la vieille ignorance !