Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/112

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satirique, il accusait le cardinal d’avoir chez lui des jeunes filles déguisées en page et flétrissait les mœurs infâmes du légat.

— Tenez, regardez le sonnet, l’auteur de la pièce ne mériterait-il pas une fière bâtonnade ?

— Je ne trouve pas, répondit Benzoni, après avoir lu le poème, les vers sont fort bien tournés et la queue du sonnet me semble plaisante :

Leurs chausses à la fois les accusent et l’excusent.

— Monseigneur, s’écria l’abbé Coccone, votre légèreté vous perdra ; vous traitez des événements considérables avec la même indifférence que les bagatelles.

— Avec plus d’indifférence, reprit le cardinal, car les événements qui vous semblent considérables me paraissent, à moi, tout à fait frivoles.

— Ces accusations, dit Coccone, sont plus graves que vous ne pensez. Il est de toute nécessité de supprimer la cause qui les provoque et d’en punir les auteurs. Pour moi, je préfère vous quitter, monseigneur, si vous ne voulez réformer votre domestique.

— Mais réformez, réformez, qui vous en empêche ?

— Je vous demande d’abord de renvoyer cette maudite petite fille qui s’est introduite ici sous des habits d’homme et qui, en deux jours, a causé plus de mal que vingt diables.

— Renvoyez-la si cela vous plaît. Après ce qu’elle a fait à Guido, ce n’est pas moi qui tiens à la garder.

— Il serait bon aussi de renvoyer Guido.

Le cardinal ne put cacher son irritation.

— Vous ne pensez pourtant pas, dit-il, renvoyer cet enfant avec la blessure que vous lui avez vue à la tête. Il lui faut tous nos soins pour se rétablir.