Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/196

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jours de mon enfance, au temps où j’étais encore sous la férule de mon vieux maître Tito Zuzu !

Là-dessus, il nous tourna le dos et sortit.

— Est-ce là tout son compliment ! s’écria Fenice.

Nous ne songions plus à notre dispute.

— Tenez, fis-je à Orsetta dont le visage riant m’agréait, touchez mon cœur.

— Oh ! comme il bat ! qu’avez-vous donc ?

— C’est cet homme dont la vue me rend malade.

— Ah ! il ne m’épouvante pas, moi, reprit Fenice d’un ton dédaigneux ; puis, comme si elle avait eu la même pensée que moi : Mais qu’est-il venu faire ?

— S’il était l’auteur de la comédie ?

— Bête ! tu ne sais pas qu’elle est de Plaute.

— Plaute, demanda Fenice, n’est-ce pas l’homme qui venait chanter chez grand-maman ?

Orsetta, qui regardait par la fenêtre, se retourna vers nous.

— Le Coccone est encore là, devant le théâtre, dit-elle ; il cause à l’oreille de notre costumière. Il lui souhaite le bonsoir. Il lui parle à voix basse. N’oubliez pas mes recommandations ! Non, seigneur abbé ! Il lève le doigt. Oh ! oh ! oh ! est-il drôle ! Serait-il, par hasard, son galant ? Avec ses yeux chassieux et son nez de vieille sorcière, l’honorable dame le mériterait bien… Enfin, il s’en va. Le voilà parti ! Bonne nuit, seigneur abbé !

Alors, faisant un tuyau de ses mains :

— Vieux matou ! ou ! ou ! ou ! cria-t-elle.

Gagnées par son exemple, Fenice et moi nous hélâmes aussi l’abbé, interrompant nos appels par de grands éclats de rire.

Mais Coccone s’éloignait, la tête basse, l’air préoccupé ; il ne se détourna point, et son dos plat, qui semblait en bois, n’eut pas un tressaillement.