Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/208

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on apporta les lumières, il y eut des effarements de plumes et de longs battements d’ailes contre les barreaux. La Nichina s’amusa un instant de la peur de ses oisillons qui volaient d’un bout à l’autre de la volière.

— Pauvres petits, faisait-elle en souriant.

Et, pour augmenter leur effroi, elle allait tambouriner avec ses doigts aux portes des cages.

Enfin elle se rassit et se disposait à continuer son histoire, lorsqu’elle aperçut sa mère qui, ayant déjà couvert ses genoux d’une chemise à raccommoder, s’était mise à coudre avec une nouvelle ardeur.

— Maman, cria-t-elle, il faudrait pourtant te reposer.

La vieille hocha la tête plusieurs fois, montra son ouvrage et continua de tirer l’aiguille d’un geste large et majestueux.

La Nichina la considérait avec un étonnement mêlé de pitié ; elle se tourna vers nous :

— Hein ! pensez-vous qu’elle en a, de la constance ?

— Maman, cria-t-elle encore, à peiner comme tu le fais tu seras canonisée.

— Mais je l’espère bien, ma fille, dit la vieille.

— Elle travaille toujours comme cela ? demanda Betta Pedali.

— Oui, maman fait sa couverture pour le ciel de crainte d’y être mal couchée.

Nichina regarda si son auditoire avait diminué ; il y manquait quatre personnes. Madame Petanera s’était retirée dans sa chambre, accompagnée de sa fille qui, chaque soir, devait présider à son coucher ; et Polissena, donnant le bras à Arrivabene, avait disparu. Mais l’attention des jeunes filles et les instances des vieilles encouragèrent la conteuse.