Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/238

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d’émotion, folle de terreur, je restais sur ma couchette, sans oser remuer, de crainte que le moindre bruit ne dénonçât ma présence. Je pensais que Benzoni n’eût pas eu peur de commettre un nouveau crime sur ma personne. Enfin, après une longue causerie, des chuchotements, des exclamations auxquelles je ne compris rien, on s’éloigna et je ressentis un grand soulagement.

Alors j’allai jusqu’à l’étroite fenêtre qui donnait un peu d’air à la cellule ; je l’ouvris et je respirai l’odeur du foin coupé que le vent m’apportait de la campagne. Le calme de la nuit m’avait touchée. Oubliant la conversation terrible que je venais d’entendre, je pus jouir un instant du clair de lune et des douces étoiles.

Tout à coup je fus saisie, enserrée aux hanches ; deux bras se croisèrent sur mon sein ; et un souffle, un baiser, vinrent m’effleurer les cheveux. C’est ainsi que Fasol m’annonçait son retour.

— Fou ! Fou ! criai-je moitié rieuse, moitié fâchée, veux-tu finir, fou !

Il m’avait entraînée, renversée sur le misérable lit, et je crus qu’il allait m’étouffer sous la violence de son désir. Ses doigts s’enfonçaient dans mes fesses et mes épaules ; sa bouche écrasait la mienne, et mon corps bondissait, emporté par ses furieux assauts.

— Ah ! fis-je après l’étreinte, d’un ton narquois, est-ce l’exemple des moines qui te rend aussi chaste ?

— Oui, me répondait-il, cet amour qu’ils portaient en eux et qu’ils ont vainement essayé de détruire, il flotte maintenant, aérien esprit, aux murailles des cellules et jusque devant l’autel, triste d’être repoussé de tous, heureux de se donner aux premiers êtres qui veulent bien l’accueillir. Ces retraites de moines sont des cavernes ardentes. Quand on s’en approche l’âme