Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/294

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promenait son dos voûté, murmurant tout bas, le visage contre le sol, prenant à témoin la terre de son malheur. Des cris lamentables retentirent, suivis des « fuût foûtt » de chatte en colère, des « wa, oua » de chien maraudeur, et la grand’mère apparut, montra des yeux bordés de sang, des mains et des joues déchirées d’égratignures, une robe ouverte et pleine de poils. Elle portait, dans une couverture, le cadavre d’un chat étranglé qu’elle fit voir au Beccafico.

— Monstre ! criait-elle, r’garde donc ce qu’a fait ton brigand de roquet.

Le Beccafico se contenta de hausser les épaules et de détourner la tête, mais apercevant la petite mariée qui accourait vers lui, attirée par le bruit de la dispute et toute blême encore de l’émotion que lui avait causée la sorcière, il la prit dans ses bras, l’enleva de terre comme une légère corbeille et l’assit sur les sacs qui chargeaient les chevaux. Elle parut très effarée, prête à se laisser glisser à terre.

— Allons ! dit-il avec douceur, a pas peur, tu tomberas pas, j’serai là devant.

Et il sauta lui-même en selle.

Cependant le père, la mère, la grand’maman Borbottino unissaient leur colère.

— Abominable larron ! rugit la grand’mère.

— Vous n’emmènerez pas la fille, cria la Borbottino.

— Ni mon fumier ! ajouta le vieux.

Tous les trois se jetèrent sur la mariée ; le Borbottino la saisit par les pieds, la mère par un bras, la grand’maman lui poussait le derrière de toutes ses forces, si bien qu’elle ne tenait plus sur son cheval, quand son mari la retint par la taille et la replaça brutalement en croupe :