Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/317

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Et, me prenant par le bras, il me secoua si rudement que je buttai contre les dalles et tombai sur les genoux. Cette violence m’exaspéra, et me rendit mon courage.

— Je veux parler à Guido, fis-je en me relevant, et je lui parlerai malgré vous.

— Ah ! malgré moi, par exemple ! nous allons voir cela !

Il avait saisi un bâton de piqueur et m’en asséna un coup terrible sur les épaules. Je me sauvai en criant de douleur, mais il me poursuivit, me raccrocha par ma robe, et il allait me frapper de nouveau quand Guido se jeta entre nous.

— Vous êtes donc fou ! Vous voulez donc la tuer !

— Laisse-moi ! laisse-moi, répétait-il, je veux en finir avec cette coquine.

Il ne lâchait pas ma robe et, le bâton levé sur ma tête, essayait de repousser Guido qui lui retenait le bras. Je me vis perdue. Alors, rassemblant mes forces, mettant dans un dernier cri tout ce que j’avais de voix, d’épouvante, de désir de vivre, j’appelai à mon aide. Fasol accourut à l’instant, suivi des habitants du château ; et, frémissant encore, les cheveux défaits et épars, la collerette en lambeaux, la robe tombée sur les talons, j’allai me réfugier derrière mon ami pendant que le cardinal, furieux de cette arrivée importune, lançait son bâton sur une statue en plâtre de la Vierge qui, du coup, tomba en poussière, au milieu de murmures d’indignation.

Puis, se croisant les bras, il se tourna vers Fasol :

— Vous abusez de ma bienveillance, dit-il.

— Oh ! Monseigneur !

— Oui, continua Benzoni, si je vous ai invité à venir à Posellino, je ne vous ai pas prié de m’amener une gourgandine de l’Arsenal.