Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/402

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que cet homme m’eût tuée sur Guido ! Mais me prenant par les épaules de ses mains fortes et brutales, il me fit tomber en arrière. Je me redressai presque aussitôt.

— C’est mon ami ! entends-tu ! mon ami ! et je veux préserver ses derniers moments de ton contact infâme !

— Fumier ! continuait-il, je vais te casser ton abominable face, si tu oses seulement effleurer Guido !

— Assassin ! c’est toi qui l’as amené ici pour le tuer !

— C’est toi, putain ! ce sont tes baisers de salope qui l’ont dégoûté de mon grand amour.

— Non, c’est toi, encroupé, qui lui as rendu la vie si odieuse qu’il a voulu mourir.

Et, comme il levait la main sur moi, je lui sautai à la figure et la déchirai de mes ongles ; mais lui, de ses deux poings, m’envoya rouler toute meurtrie.

Alors, brandissant mon poignard :

— Je vais te tuer, pourceau ! m’écriai-je.

Il était sans armes, mais au moment où j’allais frapper, il me saisit les bras et m’écrasa les pieds sous ses lourdes bottes. Pasquale intervint et nous sépara, les poings menaçants, la bouche écumeuse.

— Il n’est plus temps, fit-il, de vous disputer son amour.

Nous courûmes à Guido. Sa respiration devenait plus haletante. Sa bouche grande ouverte, ses yeux, ternes nous effrayèrent.

— Il faut absolument l’emporter à Laudes, dit le cardinal qui retenait avec peine ses pleurs, puis me prenant la main :

Nichina, nous l’aimons tous deux, ne pensons qu’à le sauver.

Notre fureur s’était évanouie ; nous n’étions plus