Page:Rebell - La Nichina, 1897.djvu/404

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Tandis que Pasquale courait chercher à la hâte le médecin de la ville, que le cardinal et moi nous nous occupions de coucher Guido et de lui donner les premiers soins, la rue s’emplit de tumulte et de chansons d’ivrogne. De toute leur voix, les soudards criaient :

De l’argent ! De l’argent !
Aux soldats qui ont fait la guerre.
De l’argent. ! De l’argent !
Pour remplir nos panses vides
Et trousser les chambrières.
De l’argent ! De l’argent !
Pour fermer nos blessures.
De l’argent pour avoir
Le sourire de Monnina
Et du trebbiano à pleine tonne !

Pasquale, qui rentrait, nous apprit que les mercenaires à la solde de Venise, n’ayant pas été payés, étaient résolus à piller la ville, si le duc d’Urbin ne leur faisait distribuer de l’argent le soir même. Dans leur effroi, les seigneurs de Laudes allaient de nouveau envoyer au duc des députés pour le supplier de tenir sa promesse. Le cardinal, plein d’épouvante à l’idée du péril que courrait Guido si la ville était mise à sac, voulut lui-même écrire au duc. Espérant qu’il maintiendrait l’ordre dans Laudes, il mettait ses propres trésors à la disposition de la République.

— Nichina, il faut porter cette lettre, me dit-il.

— Oh ! m’écriai-je, laissez-moi près de Guido ; que Pasquale aille à ma place !

— J’ai besoin de Pasquale, Nichina. Sachez-le : en ce moment, le salut de Guido dépend peut-être de vous.

Je n’hésitai plus, mais, comme j’allais partir, une bande fit irruption dans la chambre. À travers mon