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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS


chez moi, que je l’avais recueillie. Il voulait donc se faire reconnaître ?

— Oh ! fit le docteur, l’assassinat a eu lieu la nuit ; Figeroux avait peut-être le visage couvert, masqué ; peut-être aussi a-t-il dirigé les meurtriers de loin et sans se montrer à ses victimes.

— Mais quel avantage pouvait-il avoir à entrer chez moi ?

— Il paraît qu’après le crime, Figeroux n’a pas trouvé sur sa victime l’or qu’il attendait, soit que Mme Lafon eût laissé tomber l’argent, au milieu de la lutte, lorsqu’elle essaya d’échapper aux bandits, soit que les noirs qu’il conduisait l’eussent emporté à son insu. Il s’est imaginé que Mme Lafon l’avait confié à Antoinette. Il est entré chez vous pour la voler, pour vous voler aussi peut-être.

— Oh ! docteur, comme cette idée est étrange !

— Mais dans cette affaire tout est étrange ! Pourquoi, par exemple, Figeroux a-t-il froidement commandé qu’on violentât ces femmes. Ce ne pouvait pas être une vengeance, et d’après tout ce qu’on sait de ses mœurs, ce n’est pas un de ces tempéraments de fauve tels qu’on en rencontre parfois chez les mulâtres. Froidement cruel, il n’a point leurs passions de mâle. Il n’y a rien d’impossible à ce qu’il ait agi au nom d’un inconnu. Je vous le répète, madame, il faut vous tenir sur vos gardes. À votre place, moi je renverrais Figeroux.

Je ne répondais rien. La pensée de ce mulâtre que