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Page:Rebell - Les nuits chaudes du cap français, 1900.djvu/182

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LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS

— Rien que ce que je lui donnerai, répondis-je d’un ton que je m’efforçais de rendre assuré.

— Il compte peut-être vous voler l’or avec la fille. N’a-t-il pas déjà essayé de vous enlever Antoinette ?

— Grand Dieu ! c’était lui !

— Oui, lui et Figeroux.

— Le docteur m’avait bien dit que ce Figeroux était un misérable.

— Il fallait que vous n’eussiez pas d’yeux pour ne pas vous en apercevoir.

— La canaille ! je le ferai surveiller.

— Surveiller, c’est peu ; il faudrait le faire disparaître, et doucement ; car le gouverneur ne souffrira pas qu’on l’accuse, mais il serait heureux qu’il n’existât plus.

J’étais comme suffoquée d’une telle audace.

— Mais enfin, madame, lui dis-je, qui m’assure que vous êtes réellement avec moi ? Que peut vous faire le mariage de M. de Montouroy ? Vous ne pouvez l’aimer, après ce que vous m’avez dit ; vous n’attendez la richesse, puisque vous l’avez ; et vous n’espérez pas non plus l’accroître, puisque Montouroy a peu ou point d’argent. Je ne vois quel intérêt vous lie à ma fortune et vous oppose à la sienne.

— Vous allez le savoir, fit-elle. Tant que Montouroy demeurera au Cap, je resterai sa maîtresse ; or Montouroy, s’il est sans fortune, a, comme je vous l’ai déjà dit, une influence et des relations. Je prépare son mariage avec la fille du gouverneur : la fille et le père sont favorables à cette union. Une fois que