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MATHÉMATIQUES ET MATHÉMATICIENS

matiques passent aussi pour être habiles au jeu d’échecs. Ce jugement est habituellement formulé par des gens qui, ne connaissant pas le jeu d’échecs, s’imaginent qu’en raison de sa difficulté et de la grande attention qu’il exige, il emprunte nécessairement des ressources à l’emploi des mathématiques, qu’il ne saurait être convenablement joué que par des mathématiciens, et enfin, qu’il doit être naturellement joué par des mathématiciens.

Il est pourtant bien établi que le jeu d’échecs n’a aucune relation avec les mathématiques. Il n’y a pas eu et il n’y aura sans doute jamais d’ouvrage traitant de la théorie mathématique du jeu d’échecs, pas plus d’ailleurs que du jeu de dames ; tandis qu’il existe des études mathématiques du jeu d’écarté (Dormoy), du jeu de billard (Coriolis), et de certains autres.

Il est à présumer que si les mathématiciens passent pour connaître ou aimer le jeu d’échecs, c’est sans doute parce que les mathématiciens ayant l’esprit familiarisé avec les notions de rapport et de combinaison, aperçoivent rapidement le pour et le contre de chaque trait du jeu. Mais, encore une fois, s’il existe, — et nous en connaissons, — des mathématiciens très habiles au jeu d’échecs, il ne s’en suit vraiment pas qu’on puisse étendre cette qualité à tous les mathématiciens indistinctement.

Voir, dans Edgar Poe, l’Automate joueur d’échecs. « Aucun coup dans le jeu des échecs ne résulte nécessairement d’un autre coup quelconque. »