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VARIÉTÉS ET ANECDOTES

ÉQUATION DU 45e DEGRÉ

Un fait qui se rattache à la vie scientifique de Viète, et que je vais vous raconter, révèle en même temps l’estime dont Henri IV honorait son savant conseiller. Ce roi montrait, un jour, à Fontainebleau, à un ambassadeur de Hollande, les splendides et coûteuses curiosités du palais, et l’entretenait en même temps de quelques-unes des célébrités de son royaume. L’ambassadeur se permit de faire sur ce dernier sujet une réserve aux éloges du roi : « Sire, dit-il, vous n’avez pas cependant ici de mathématicien. Un géomètre flamand, nommé Adrien Romanus, vient de publier un ouvrage dans lequel il défie tous les savants de l’Europe de résoudre un problème qu’il leur propose, et de tous les mathématiciens de notre temps cités dans son livre, je n’en ai trouvé aucun qui fût français. » — « Si fait, si fait, répondit vivement le roi, nous en avons un excellent ; qu’on aille quérir M. Viète. » On soumit à notre savant qui avait suivi la cour à Fontainebleau, le problème de Romanus. Pour tout autre que le savant et érudit Fontenaisien, l’énigme eût été embarrassante. Il ne s’agissait de rien moins que de résoudre une équation du 45e degré, renfermant 24 termes dont l’un est arbitraire et dont les autres sont multipliés par des nombres, la plupart de neuf chiffres, c’est-à-dire de plusieurs centaines de millions d’unités.

Viète, après avoir examiné attentivement cette équation, eut le plaisir de retrouver une ancienne connaissance. C’était une des nombreuses équations auxquelles donne lieu la division des arcs de cercle en parties