Page:Rebière - Mathématiques et mathématiciens.djvu/357

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temps ? Nous devons, comme l’ont observé quelques philosophes, bien des erreurs à l’abus des mots ; c’est peut-être à ces mêmes abus que nous devons les axiomes. Je ne prétends point cependant en condamner absolument l’usage : je veux seulement faire observer à quoi il se réduit ; c’est à nous rendre les idées simples plus familières, par l’habitude, et plus propres aux différents usages auxquels nous pouvons les appliquer.

J’en dis à peu près autant avec les restrictions convenables, des théorèmes mathématiques. Considérés sans préjugés, ils se réduisent à un assez petit nombre de vérités primitives. Qu’on examine une suite de propositions de géométrie déduites les unes des autres, en sorte que deux propositions voisines se touchent immédiatement et sans aucun intervalle, on s’apercevra qu’elles ne sont que la première proposition qui se défigure, pour ainsi dire, successivement et peu à peu, dans le passage d’une conséquence à la suivante, mais qui pourtant n’a point été réellement multipliée par cet enchaînement et n’a fait que recevoir différentes formes…

… On peut donc regarder l’enchaînement de plusieurs vérités géométriques comme des traductions plus ou moins différentes et plus ou moins compliquées de la même proposition, et souvent de la même hypothèse.

Ces traductions sont au reste fort avantageuses par les divers usages qu’elles nous mettent à la portée de faire du théorème qu’elles expriment ; usages plus ou moins estimables, à proportion de leur importance et de leur étendue. Mais tout en convenant du mérite réel de la traduction mathématique d’une proposition,