Aller au contenu

Page:Recherches asiatiques, ou Mémoires de la Société établie au Bengale, tome 1.djvu/345

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
197
DE L’ITALIE ET DE l’INDE.

sacrés. » Je suppose qu’il entend par-là les Pourânas. Mais les Hindous possèdent un grand nombre de drames réguliers, qui ont au moins deux mille ans d’antiquité (123) ; et dans le nombre, il y en a de très-beaux tirés de l’histoire de Râma. Le premier poète des Hindous fut le grand Vâlmik (124) ; son Râmâyan est un poème épique sur le même sujet, très-supérieur pour l’unité d’action, la magnificence des images et l’élégance du style, à l’ouvrage savant et châtié de Nonnus, intitulé les Dionysiaques, dont je lus la moitié ou vingt-quatre livres avec beaucoup d’empressement, lorsque j’étois fort jeune, et que j’aurois lu jusqu’à la fin, si d’autres occupations ne m’eussent captivé. Je n’aurai jamais le loisir de comparer les Dionysiaques et le Râmâyan : mais je suis sûr qu’une comparaison exacte de ces deux poèmes prouveroit l’identité de Dionysos et de Râma ; et je penche à croire que ce dernier fut le Râma, fils de Koùch, qui peut avoir établi le premier gouvernement régulier dans cette partie de l’Asie. J’avois presque oublié que, suivant les Grecs, Méros est une montagne de l’Inde, sur laquelle étoit né leur Dionysos, et quq Mérou, quoique ce mot désigne généralement le pôle septentrional dans la géographie indienne, est aussi une montagne située près de la ville de Naichada ou Nysa (125), que les géographes grecs appellent Diouysopolis, et qui est célébrée dans tous les poèmes sanskrits. On suppose néanmoins que le lieu de la naissance de Râma fut Ayodhyâ ou Aoude (126). Si l’on en croit les Brahmanes, cette ancienne ville s’étendoit sur une ligne de dix yôdjans (127), ou d’environ quarante milles ; et la ville actuelle de Lakhnaù, qui se prononce Laknau, n’étoit que la loge de l’une de ses portes, appelée Lakchmanadouâra, ou la porte de Lakchman, frère de Râma. M. Sonnerat (128) suppose que Ayodhyâ étoit Siam : cette hypothèse erronée et sans fondement auroit été de peu de conséquence, s’il n’avoit pas étayé sur elle un raisonnement pour établir l’identité de Râma et de Bouddha, dont l’apparition date nécessairement de plusieurs siècles après la Conquête de Lankâ ( 129).

Crichna (130), le second des grands dieux, mena, suivant les Crichna, l’Apollon indien.