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SUR LES DIEUX DE LA GRÈCE,

répétées aux Hindous, qui les greffèrent sur l’antique fable de Césava, l’Apollon des Grecs.

Quant à la propagation générale de notre pure croyance dans l’Inde, plusieurs fâcheux obstacles s’y opposent aujourd’hui. Les Musulmans sont déjà une sorte de Chrétiens hétérodoxes. Ils sont Chrétiens, si Locke raisonne juste, parce qu’ils croient fermement à l’immaculée conception, au caractère divin et aux miracles du Messie ; mais ils sont hétérodoxes, en ce qu’ils nient avec obstination son titre de fils de Dieu, et son égalité, comme Dieu, avec Dieu le père, sur l’unité et les attributs duquel iis ont et expriment les idées les plus augustes : d’ailleurs, ils regardent notre doctrine comme entièrement blasphématoire, et ils soutiennent que les Juifs et les Chrétiens ont altéré les copies que nous possédons de l’Ecriture sainte. Il sera extrêmement difficile de les désabuser, et presque impossible de diminuer leur vénération pour Mohhammed et pour A’iy, qui furent deux hommes très-extraordinaires, et dont le second eut des mœurs irréprochables. Sans doute le Qorân brille d’une lumière empruntée, puisque la plupart de ses beautés sont pillées dans la Bible ; mais il en a de très-grandes, et jamais on ne convaincra les Musulmans qu’elles lui viennent d’ailleurs. D’un autre côté, les Hindous admettraient volontiers la vérité de l’Évangile ; mais ils prétendent qu’il est parfaitement compatible avec leurs Sâstras. « La Divinité, disent-ils, s’est manifestée par des apparitions sans nombre, dans plusieurs parties de ce monde et de tous » les mondes, pour le salut de ses créatures ; et quoique nous l’adorions sous une forme, et les étrangers sous d’autres formes, nous » adorons le même Dieu, qui accueille également nos différens cultes, » s’ils sont sincères, quoiqu’ils diffèrent quant à la forme. » Nous pouvons Être sûrs que ni les Musulmans ni les Hindous ne seront convertis par les missionnaires de l’église romaine ou de toute autre église ; et la seule manière, peut-être, dont les hommes puissent venir à bout d’une aussi grande révolution, sera de traduire en sanskrit et en persan les chapitres des prophètes, en particulier d’Isaïe, qui sont