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NOTES.

et sur huit éléphans, qui, en se relayant, causent les tremblemens de terre. Les principaux traits de l’histoire mythologique que nous venons de rapporter, se retrouvent chez les Japonois, qui croient à l’incarnation de Dieu en poisson, et conservent dans leurs temples des représentations de cette incarnation. On voit dans quelques-unes la tortue nageant sur la mer, et portant le mont Mérou, ou bien l’arbre du paradis. La même montagne se retrouve dans la mythologie tibétaine ; elle y est divisée en degrés mystiques, où l’on place le soleil, la lune, les laha, ou planètes, qui sont des dieux indiens et tibétains : cette montagne se nomme Rirou, ou Righiel Loumbò, en tibétain. Ces mots, d’après l’étymologie sanskrite indiquée par le P. Paulin, dériveroient de Irouchi, qui fait, par corruption, Rigi, ou Richi Loumbò, montagne des contemplatifs ou des dieux des planètes et des bienheureux, qui contemplent là et adorent le Soleil-dieu et la Lune. Les Tibétains, ainsi que les Indiens, font jaillir du pied du mont Mérou, à travers quatre rochers, et tout près de l’arbre Kalpavrkcham, quatre fleuves, le Gange, l’Indus, et deux autres nommés en tibétain Pahkiou et Si ta, lesquels paroissent correspondre aux quatre fleuves du paradis terrestre. — Terminons cette note par la description du mont Mérou, tirée d’une géographie tamoule intitulée Puwana (lisez Pourâna) Sakkaram, que cite le savant Bayer, et dont le P. Paulin ne paroît pas avoir eu connoissance. « Le mont Mérou a plus de seize mille yosineï de circuit à sa base (l’yosineï ou yodjan est, selon Bayer, égal à plus de deux milles d’Allemagne), et son élévation est de trente-deux mille yosinéï. Sur cette montagne sont dispersées mille huit kodoumoudi ou collines. Le dieu Vichnou et son épouse Lakchmî habitent la partie orientale ; Brâhmah et son épouse Saresouadî, la partie septentrionale ; Tetchana-Mourdi, roi du monde, la méridionale ; et Nandi-Sourer, portier de Chiven (ou Sîva), l’occidentale (lisez occidentalibus, au lieu d’orientalibus). Les Sitter et les Kendou-rouver [ministres ailés des dieux], les Mouni-Sourer [les prophètes], les Devergœl [les demi-dieux], les Kinœrer et les Tombourou-Narader [les musiciens instrumentaux], et les Attama-Sitter [satellites protecteurs des dieux], habitent autour de cette montagne. » Voyez Bayer, Historia regni Grœcorum Bactriani, &c. pag. 9 et 10 ; et le P. Paulin de Saint-Barthélemi, Systema Brahmanicum, &ç. pag. 289-291.

(42) Ce breuvage céleste, qui ressemble beaucoup à l’ambroisie des anciens, se nomme amrda et amrita, c’est-à-dire, immortalité. Ce mot sanskrit est composé de l’a privatif, qui existe en sanskrit comme en grec, et de