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NOTES.

les productions végétales de la terre et de la nature, et est même engendré par elles. En effet, où Cérès ne se trouve pas, quelle végétation peut-il y avoir ! On la nomme douce et lactée, parce qu’elle porte des végétaux doux et remplis d’un suc qui ressemble à du lait. Rappelons-nous aussi que Cérès nourrit Triptolème avec du lait divin, afin de le rendre immortel. En outre, la résidence de Lakchinî dans du lait, et dans la gueule, dans les mamelles ou sur la queue de la vache, annonce que la vache, symbole de la fécondité et de la terre, représente encore cette déesse féconde ; elle aime le lait ; les Brahmanes et les dieux indiens l’aiment de même beaucoup ; aussi ne manque-t-on pas de donner du lait à boire aux serpens sacrés : on le mêle avec du riz pour l’offrir aux autres dieux. Enfin, on pétrit de petits gâteaux de riz et de miel, pour les offrir aux idoles et aux âmes des morts, le jour de leur anniversaire. Les feuilles, les fruits du manglier, et le manglier lui-même, sont consacrés à cette déesse, dont ils offrent un emblème d’autant plus frappant, que c’est l’arbre le plus fécond que l’on connoisse dans toute l’Inde.

Les détails qu’on vient de voir sur Lakchmî, expliquent pourquoi les Indiens allument sept lampes en son honneur ; pourquoi leurs monnoies portent son image, qu’ils ne manquent jamais d’adorer et de poser sur leurs yeux et sur leur bouche avant de passer un contrat ou de changer de l’argent ; pourquoi, le soir, ils saluent avec les mains levées la lumière de la lampe ; pourquoi cette lumière figure dans les solennités du mariage ; pourquoi les veuves sont couvertes de mépris, comme stériles ou comme inutiles ; pourquoi ils ont horreur des prostituées ; pourquoi ils révèrent la vache , et pourquoi leur vœu le plus ardent est de monter au ciel en tenant la queue de cet animal ; pourquoi sa fiente leur sert à faire un enduit pour en couvrir l’intérieur de leurs maisons, &c. &c. Voyez Paulini à Sancto-Bartholomæo Systema Brahmanicum, p. 95-98 ; Kindersley’s Specimens of Hindoo literature, pag. 18 et 19 ; Jones’s Works. t. VI, p. 355 et 356, an hymn to Lakshmee ; et the History of Dooshwanta and Sakoontala, extracted from the Mahabhârat, a poem in the sanskreet language, translated by Charles Wilkins, t. II, p. 433, note (a), de l’Oriental Repertory de M. A. Dalrymple.

Je ne terminerai pourtant pas cette note sans ajouter que l’identité de Srî et Cérès paroît suffisamment prouvée à M. Alex. Hamilton. « Les deux déesses, dit-il, ont les mêmes fonctions, et presque les mêmes noms ; en outre, celui de Camala n’étoit pas inconnu à l’antiquité : on adoroit Cérès sous le nom de Camala, et avec beaucoup de pompe, dans la Cappadoce et en