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DESCRIPTION D’UNE CAVERNE

indigènes Mahométans appellent sengkâreh[1] : tout le roc en est composé. Il est d’une hauteur médiocre, très-inégal, très-escarpé, et fort rude à gravir. »

La caverne est placée sur la pente méridionale, à environ un tiers de la hauteur. Un arbre, qui est tout auprès, empêche qu’on ne l’aperçoive d’en bas. Elle n’a qu’une étroite issue du côté du midi, large de deux pieds et demi, haute de six, et d’une épaisseur absolument égale. Cette porte conduit à une chambre ovale et voûtée. Je la mesurai deux fois, et je lui trouvai quarante-quatre pieds de longueur de l’est à l’ouest, dix-huit pieds et demi de largeur, et dix pieds un quart de hauteur au centre. Cette immense cavité est toute taillée dans le roc vif, et parfaitement polie, mais sans aucun ornement. La même pierre s’étend, de chaque côté, beaucoup plus loin que la partie creusée ; elle a en tout, je présume, cent pieds de longueur. Les habitans des environs ne connoissent ni l’histoire de ce lieu remarquable, ni l’époque où elle remonte : mais j’appris du chef d’un village voisin, qu’il existoit une tradition suivant laquelle un Mahométan nommé Menhadje êd-dyn[2] accomplit son tchehlah[3] ou passa quarante jours en dévotion dans cette caverne ; et qu’il étoit contemporain de Mak.hdoùm Chyr êd-dyn, oùély[4] ou saint respecté, qui mourut au Béhâr dans la 590.e année de l’hégire[5]. Ce chef assuroit que lui-même descendoit de Menhadje êd-dyn, et disoit avoir à Patnah les preuves de cette filiation. Je ne prétends pas assigner le degré de confiance que mérite ce rapport ; mais il est certain que la salle est maintenant fréquentée par des Mahométans, et qu’elle l’est

  1. سنك خاره, ou simplement سنك خار seng-khâr, pierre dure, lapis, petra dura, suivant le Castelli et Golii Lexicon Persicum, col. 353. Les rédacteurs de la nouvelle édition du Dictionnaire arabe, turc, persan et latin de Meninski, t. III, p. 324, se contentent de traduire ces mots composés, par species lapidis durioris, sans indiquer de quelle pierre il s’agit. (L-s.)
  2. منهج الدين le grand chemin de la religion. (L-s.)
  3. چهله quarantaine. Ce mot est dérivé de چهل nom de nombre persan qui signifie quarante. (L-s.)
  4. ولي, sous-entendu خدا ami de Dieu.
  5. 1194 de l’ère vulgaire. (L-s.).