Page:Reclus - Étude sur les fleuves, 1859.djvu/15

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le fleuve se rapproche de la mer, la pente de la plaine qu’il parcourt diminue sans cesse, et lui, ne sachant quel chemin prendre dans cette plaine basse et uniforme, s’y creuse plusieurs lits et se déverse dans la mer par les nombreuses bouches de son delta, analogues aux premières grosses racines qui se montrent au-dessus du sol. Quelquefois la mer vient au-devant de lui et forme, pour le recevoir, un vaste estuaire, moitié flot, moitié sable.

Nous voyons qu’un fleuve se divise en trois parties bien distinctes : le cours supérieur ou de montagnes reçoit les affluents d’eau de glace et de neige, et descend comme un torrent fougueux dans un lac où ses eaux se calment et se purifient ; le cours moyen ou celui de plaines commence au sortir du défilé par lequel s’est écoulé le lac, et reçoit les affluents d’eau de pluie ; c’est la partie vraiment continentale du fleuve ; le cours inférieur ou maritime comprend l’espace qui s’étend du sommet du delta ou de l’estuaire jusqu’au sein de la mer ; il est caractérisé par les marées qui, deux fois par jour, changent la direction du courant et en font refluer l’eau vers la source. La partie du fleuve, toujours très courte, qui s’étend entre le dernier affluent et la première branche du delta, c’est-à-dire l’espace intermédiaire entre le cours moyen et le cours inférieur, pourrait emprunter à la botanique le nom de collet.

La grande différence qui existe entre les continents sous le rapport de l’étendue et de l’élévation, a nécessité pour les fleuves une grande diversité de direction ; mais dans chaque continent pris à part, on peut obser-