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Page:Reclus - Correspondance, tome 1.djvu/165

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À Élie Reclus.


Riohacha, 10 mars 1857.
Amis,

Je n’ai rien à vous dire, si ce n’est que le mal de tête est fort désagréable et que les bourgeois, y compris ma personne, sont des êtres fort insipides. Pour me rendre un peu d’amour au cœur et de force au jarret, ce n’est pas trop de nos longues nuits tropicales avec leurs belles étoiles et la splendeur tranquille de la mer qui les réfléchit. Encore est-ce d’une manière toute passive que je prends ces bains d’air, de lumière et de paix. Étendu sur le sol et le regard sur la Voie lactée, je sens tous mes souvenirs de la journée qui s’évaporent comme des miasmes impurs et, graduellement, mes pensées rêveuses se reportent vers les amis, vers les frères, vers le bien et la beauté. Pour vivre, je remplace l’activité franche et noble par une contemplation bouddhique : ne pouvant donner, j’absorbe.

Je crois vous avoir dit que j’allais m’engager par un ignoble contrat à seringuer pendant une année des