Aller au contenu

Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
92
HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

change immédiatement en nuées et retombe en pluies ; l’atmosphère où elle flotte la maintient à l’état de gaz invisible. Mais que la couche d’air monte dans le ciel, emportant ses vapeurs, elle se refroidira graduellement, et son eau, condensée en molécules distinctes, se révélera bientôt. C’est d’abord une nuelle presque imperceptible, un flocon blanc dans le ciel bleu ; mais à ce flocon s’en ajoutent d’autres ; maintenant, c’est un voile dont les déchirures laissent çà et là pénétrer le regard dans les profondeurs de l’espace ; à la fin, c’est une masse épaisse se déployant en rouleaux ou s’entassant en pyramides. Il est de ces nuages qui se dressent sur l’horizon en forme de véritables montagnes. Leurs crêtes et leurs dômes, leurs neiges, leurs glaces resplendissantes, leurs ravins ombreux, leurs précipices, tout le relief se révèle avec une netteté parfaite. Seulement, les monts de vapeur sont flottants et fugitifs ; un courant d’air les a formés, un autre courant peut les déchirer et les dissoudre. À peine leur durée est-elle de quelques heures, tandis que celle des monts de pierre est de millions d’années :