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Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/173

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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

autres conditions physiques produisent dans la végétation.

Au printemps, quand tout renaît dans la nature, c’est une joie de voir le vert des herbes et du feuillage reprendre le dessus sur la blancheur des neiges. Les tiges du gazon, qui peuvent respirer de nouveau et revoir la lumière, perdent leur teinte rousse et leur aspect calciné ; elles deviennent d’abord d’un jaune blanchâtre, puis d’un beau vert. Des fleurs en multitudes diaprent les prairies : ici, ce ne sont que des renoncules, ailleurs que des anémones ou des primevères jaillissant en bouquets ; plus loin, la verdure disparaît sous le blanc neigeux du gracieux narcisse des poètes ou sous le lilas du crocus, dont l’être tout entier n’est que fleur, de la racine au bord de la corolle ; près des cours d’eau, la parnassie ouvre sa fleur délicate ; çà et là les petites fleurs blanches ou azurées, roses ou jaunes, se pressent en si grandes foules, qu’elles donnent leur couleur à toute la pente herbeuse et que, des versants opposés, on peut déjà reconnaître l’espèce de plante qui domine dans la prairie, à mesure que la neige recule