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LES FORÊTS ET LES PÂTURAGES.

à dépenser pour la coupe et le transport. Nombre de forêts sont encore maintenant dans leur virginité première, à cause de la difficulté pour l’exploiteur d’arriver jusqu’à elles et d’en extraire les arbres abattus. Mais, lorsque les chemins d’accès sont faciles, lorsque la montagne offre de bonnes glissoires d’où l’on peut, d’une seule poussée, faire descendre de plusieurs centaines de mètres les fûts ébranchés, lorsque en bas de la pente le torrent de la vallée est assez fort pour entraîner les arbres en radeaux jusque dans la plaine ou pour faire mouvoir de puissantes scieries mécaniques, alors les forêts courent grand risque d’être attaquées par les bûcherons. S’ils les exploitent avec intelligence, s’ils règlent soigneusement leurs coupes, de manière à laisser toujours sur pied des récoltes de bois pour les années suivantes et à développer dans le sol forestier la plus grande force de production possible, l’humanité n’a qu’à se féliciter des richesses nouvelles qu’ils procurent. Mais lorsqu’ils coupent, détruisent tout d’un coup la forêt tout entière, comme s’ils étaient saisis d’un accès de