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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

En maints endroits déjà, on a songé à bâtir des hospices pour ces malheureux. Rien ne manque dans ces nouvelles demeures. L’air pur y circule librement, le soleil en éclaire toutes les salles, l’eau y est pure et saine, tous les meubles et surtout les lits sont d’une exquise propreté ; les « innocents » ont des surveillants qui les soignent comme des nourrices, et des professeurs qui tâchent de faire entrer un rayon de lumière intellectuelle dans leur dur cerveau. Souvent ils réussissent, et le crétin peut naître graduellement à une vie supérieure. Mais ce n’est pas tant à réparer le mal déjà survenu qu’il importe de travailler, c’est à le prévenir. Ces huttes infectes, si pittoresques parfois dans le paysage, doivent disparaître pour faire place à des maisons commodes et saines ; l’air, la lumière, doivent entrer librement dans toutes les habitations de l’homme ; une bonne hygiène du corps, aussi bien qu’une parfaite dignité morale, doivent être observées partout. À ce prix, les montagnards achèteront en quelques générations une immunité complète de toutes ces maladies qui dégradent maintenant un si grand nombre