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LE ROCHE ET LE CRISTAL.

pour mettre en mouvement des myriades de pierres sur tout un flanc de montagne.

Tout autre que la roche ardoisée est la roche calcaire qui constitue quelques-uns des promontoires avancée. Quand cette roche se brise, ce n’est pas, comme l’ardoise, en d’innombrables petits fragments, mais en grandes masses. Telle fracture a séparé, de la base au sommet, tout un rocher de trois cents mètres de hauteur ; de côté et d’autre, on voit monter jusqu’au ciel les deux parois verticales ; au fond du gouffre, la lumière pénètre à peine, et l’eau qui le remplit, descendue des hauteurs neigeuses, ne réfléchit la clarté d’en haut que par les bouillonnements de ses rapides et les rejaillissements de ses cascades. Nulle part, même en des montagnes dix fois plus élevées, la nature ne paraît plus grandiose. De loin, la partie calcaire du mont reprend ses proportions réelles, et l’on voit qu’elle est dominée par des masses rocheuses beaucoup plus hautes ; mais elle étonne toujours par la puissante beauté de ses assises et de ses tours ; on dirait des temples babyloniens.

Fort pittoresques aussi, bien que d’une