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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/159

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corps inertes qui rident la surface du ruisseau, ce sont aussi des êtres vivants qui, en se déplaçant eux-mêmes, déplacent constamment le centre des ondulations. Un poisson qui passe comme un dard donne à l’ensemble des vibrations la forme d’un ovale très-allongé ; l’insecte patineur, qui s’avance par élans successifs, laisse derrière lui deux sillages obliques enfermant des cercles inégaux ; une autre bestiole, une abeille peut-être, tombée du haut d’un arbre, se débat en tournoyant et en agitant ses ailes d’une telle vitesse que l’eau est ridée d’une myriade de lignes vibrantes entre-croisant leurs innombrables cercles : la figure bizarre de géométrie qui s’agite avec tant de vivacité est lentement emportée par le fil du courant ; mais voici qu’elle disparaît tout à coup. D’une bouchée, un poisson vient d’avaler l’insecte et d’arrêter tout son cortège de lignes tournoyantes.

Et moi aussi, tranquille contemplateur du ruisseau et de ses merveilles, je puis varier