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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/179

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des palissades et des digues de pierres, le ruisseau, toujours désireux de changement, trouve le moyen de détruire peu à peu ses bords pour en reconstruire de nouveaux ; même là où des murailles l’ont dompté en apparence, il n’en cherche pas moins à faire sa trouée : il ronge la pierre, descelle sournoisement les assises, déchausse les fondations, et tout à coup le voilà, devenu libre, qui recommence à vaguer dans les champs.

Ces incessantes transformations de ses rives, le ruisseau les accomplit par un double travail : d’un côté, il démolit en emportant grains de sable, molécules d’argile, débris menuisés de rochers, fragments de racines usées par le flot ; de l’autre côté, il édifie en déposant tous ces restes en une couche qui s’élève peu à peu du fond de l’eau. Ainsi le courant, troublé par les alluvions dont il se charge dans ses érosions, travaille sans cesse à se clarifier de nouveau ; dès qu’il se ralentit, il s’épure. Peu de spectacles sont plus gracieux à suivre que celui des nuages d’al-