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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/204

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que leur fine ramure n’est pas voilée par la multitude des feuilles, ces arbres tout entiers se profilent dans le ciel avec leurs branches et leurs branchilles nuancées d’un violet délicat, et ces ramifications innombrables semblent d’autant plus élégantes que le reste de la nature est ensevelie sous la couche monotone des neiges. Dans la plaine, les champs sont partout recouverts du tapis uniforme : on n’aperçoit de verdure que sur les rares prairies encore mouillées de l’eau des irrigations. Au loin, sur les hautes collines, les arbres pressés de la forêt laissent entrevoir à travers le fouillis de leurs branches, déjà rouges de boutons et de sève, quelque chose de doux à l’œil, comme le duvet d’un oiseau : c’est la neige tamisée qui saupoudre les broussailles et les fougères du sous-bois.

Tôt ou tard, vers la fin de l’hiver, de petites fleurs percent la neige et se montrent à nous, modestes et timides, comme la douce promesse d’un prochain renouveau. C’est