Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/218

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tiédeur naissante de l’air s’est communiquée à la masse liquide et la pénètre. Tous, jusqu’aux enfants, peuvent rester alors à baguenauder dans l’eau fraîche. Les gamins assis sur leurs bancs d’école lève souvent les yeux de leurs livres d’étude et regardent avec avidité du côté du sentier qui descend vers le ruisseau. Puis, quand ils sont libres enfin, comme ils s’élancent avec joie vers l’endroit profond dans lequel ils vont s’ébattre ! En quelques secondes les voilà délivrés de ceintures et de blouses ; chacun d’eux est devenu un Neptune, « ébranleur de flots ; » et de toutes ses forces il travaille à soulever des vagues, à les changer en masses d’écume, à produire des tempêtes et des ras de marée en miniature dans le petit fleuve, qui pour une heure est devenu son domaine.

C’est en été, pendant les tièdes journées où l’air est immobile, qu’il est agréable de se faire triton. D’ailleurs, il n’est pas indispensable d’avoir douze ou quinze ans pour s’ébattre avec bonheur dans l’eau comme dans