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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/228

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son corps et la merveilleuse prestesse de ses mouvements, ils regrettent aussi de ne pas avoir saisi l’animal dans son élan et de n’avoir pas la chance de le faire griller pour leur repas. Cette terrible bouche armée de dents qui s’ouvre au milieu de notre visage nous rend semblable au tigre, au requin, au crocodile. Comme eux nous sommes des bêtes féroces.

Dans les siècles d’autrefois, alors que nos ancêtres ignoraient encore l’art de cultiver le sol et de semer le grain nourricier pour le faire lever en épis, l’homme qui n’avait pas recours à l’anthropophagie n’avait, pour s’alimenter, d’autres ressources que les racines déterrées du sol, les pousses des herbes savoureuses, les cadavres d’animaux tués dans la forêt et le poisson saisi dans la mer ou les eaux courantes. Aussi, pressé par le besoin, avait-il acquis, comme pêcheur, une adresse qui nous eût semblé merveilleuse. Non moins habile que le brochet ou la loutre, il manquait rarement la proie qu’il avait