Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/248

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sitions graduelles et non par de soudains miracles que s’opèrent ces innombrables transmissions de vie entre tout ce qui meurt et tout ce qui renaît. La gouttelette d’eau se change en cellule de plante, elle se change en graine, puis en pain, et dans le corps de l’homme en parcelle de vie.

Il semble d’abord que le ruisseau ne puisse se transformer ainsi pour d’autres plantes que celles de ses rives. Sans doute, la végétation des berges qui aspire l’humidité par ses racines et boit par ses feuilles une vapeur abondante, est de beaucoup la plus vivace et la plus joyeuse ; les vergnes, les peupliers, les trembles poussent haut et droit, leur bois tout gonflé de jus tend l’écorce lisse et la fait craquer sous l’effort ; des herbes en touffes épaisses, des arbustes remplissent tous les interstices entre les troncs, le moindre espace vide est assiégé par des plantes désireuses de se rapprocher du ruisseau bienfaisant. Mais l’eau accomplit aussi son œuvre loin des rivages. Même pen-