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Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/256

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par démolir ce barrage ; les troncs d’arbres, poussés comme des béliers par le courant, ont ébranlé la roche, l’eau s’est insinuée dans les fentes, et tôt ou tard le lac a pu se déverser entre les deux parois de la montagne ouverte. Eh bien ! ce lac, l’homme peut le créer à nouveau, en régler à son gré la hauteur, la surface, la contenance ; il peut dresser encore le barrage en calculant avec précision quelle doit en être la force pour résister à la pression des eaux de crue. Possesseur de ce lac artificiel et de ce rempart à vannes mobiles, le cultivateur devient ainsi le maître des pluies et des sécheresses ; il empêche les eaux soudaines des trombes de rouler en torrents dévastateurs sur les campagnes, il interdit au ruisseau de trop baisser de niveau pendant les chaleurs, et continue d’alimenter les canaux d’irrigation qui portent dans les champs la fraîcheur et la vie. Les alluvions qui s’amassent au fond du bassin lui serviront, en outre, à renouveler la vigueur de ses cultures, et, s’il le veut, il